
La crise de l’accueil : une stratégie politique réfléchie
À Bruxelles, des dizaines de demandeurs d’asile dorment à la rue. Depuis des mois maintenant. Parce que la Belgique ne remplit pas son obligation d’hébergement des demandeurs d’asile. Le gouvernement fédéral a été condamné à plusieurs reprises pour cela. Les demandeurs d’asile et les habitants de Bruxelles sont les victimes. Cette politique de yo-yo hypocrite et inhumaine doit immédiatement prendre fin.
La Belgique est légalement tenue d’héberger les demandeurs d’asile pendant toute la durée de leur demande. Ces dernières années, les différents secrétaires d’État (Maggie De Block, Theo Francken, Sammy Mahdi et Nicole De Moor) ont systématiquement failli à leur tâche. Cet automne en étant la triste apothéose. L’État belge a été condamné à plusieurs reprises pour cela, et même deux fois le mois dernier par la Cour européenne des droits de l’homme.
Politique de yo-yo et de découragement
Le secrétaire d’État De Moor poursuit la politique de ses prédécesseurs. Ce faisant, ils prennent la décision consciente de ne pas faire d’investissements structurels dans la capacité d’accueil et le personnel. Au lieu de cela, une politique de yo-yo est adoptée en fonction de l’afflux. Ils choisissent de supprimer des lieux plutôt que de créer des lieux structurels capables de s’adapter à des changements rapides. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de la politique de découragement qui est fortement poursuivie. En d’autres termes, les personnes qui dorment à la rue envoient un message clair aux personnes qui n’ont pas encore atteint notre pays : nous sommes complets !
C’est non seulement très inhumain, mais surtout très hypocrite car la Belgique a prouvé à plusieurs reprises qu’elle pouvait effectivement fournir de nombreuses places d’accueil en peu de temps, par exemple pour les réfugiés ukrainiens. Alors pourquoi ne peut-elle pas le faire pour les réfugiés afghans qui dorment dehors dans des conditions glaciales et sont persécutés en masse par les talibans dans leur pays ?
Crise de l’accueil à Molenbeek
Notre commune subit les conséquences directes de la mauvaise gestion fédérale. De manière formelle et informelle, nous soutenons des centaines de demandeurs d’asile. Molenbeek a toujours été l’une des communes les plus sociales et les plus solidaires de Belgique. Ceci alors que nous sommes la commune belge ayant la plus faible capacité financière.
L’un des plus grands centres d’accueil de Fedasil, le Petit-Château, est situé à deux pas de notre frontière communale. Cependant, comme il n’y a plus de place dans les centres d’accueil officiels, de nombreux demandeurs d’asile cherchent à passer la nuit dans la zone du canal de Molenbeek. Par exemple, les personnes dorment dans les rues autour du pont du canal depuis des mois. Les autorités compétentes n’ayant pris aucune mesure, la bourgmestre a proposé d’héberger temporairement les demandeurs d’asile dans une salle de sport communale. Une équipe communale se rend également sur place tous les jours pour apporter aide et soutien.
Il existe un centre de transit officiel à Molenbeek géré par le Samusocial (70 places) et également cinq centres d’hébergement informels temporaires pour un total de plus de 500 personnes. Ces centres d’accueil informels ne reçoivent aucun soutien des autorités compétentes car ils ne sont pas reconnus. Notre commune les soutient et le CPAS leur apporte un soutien médical et financier. Pendant la crise de Covid, nous avons également mis l’Hôtel Belvue à disposition pour des hébergements d’urgence et actuellement 18 logements temporaires sont en cours de construction pour les réfugiés ukrainiens.
Conflit centre d’accueil Sebrechts
Quelque 400 demandeurs d’asile sont également hébergés dans l’ancienne maison de repos dans la rue Sebrechts. Cependant, la commune n’a jamais donné l’autorisation de le faire car le lieu n’est pas équipé pour cela. L’accord initial prévoyait la mise en place d’un centre de transit temporaire pour 100 familles ukrainiennes qui ne voulaient pas s’enregistrer dans la commune. Rapidement, cependant, Fedasil a utilisé ce bâtiment pour accueillir jusqu’à 600 hommes célibataires qui y ont séjourné à long terme.
Cela ne constituait pas seulement une violation du permis d’urbanisme et des accords conclus. La commune, les services de police et le CPAS n’ont pas non plus la capacité de fournir l’encadrement et le soutien financier supplémentaires. De plus, il s’agit d’une zone résidentielle à forte densité de population qui n’est pas du tout équipée pour accueillir autant de nouveaux arrivants. Ce groupe beaucoup trop important crée inévitablement des nuisances. Pour éviter que la situation ne devienne incontrôlable, la commune a saisi la justice. Celle-ci a confirmé que le centre d’accueil devait être fermé car il ne respecte pas les règles. Les personnes qui y séjournent ne seront pas expulsées en hiver, mais Fedasil doit trouver rapidement une autre solution.